Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/213

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— Au nom de personne. Tu vas voir. Il n’est que dix heures, il ne sera pas couché ; viens chez moi. »

Je répugnais à cette feinte.

« Je prends tout sur moi, dit Henri. Ne t’en mêle pas : n’ai-je pas un pari à gagner ou à perdre ? »

Il écrivit :

« Une âme fervente a recours aux prières de M. l’abbé. On l’a reconnu, mais on ne trahira pas son incognito. On le supplie d’offrir dimanche, à l’intention d’une âme chrétienne bien cruellement éprouvée, le saint sacrifice de la messe, qu’il doit dire en secret dans ses appartements. On ne demande pour réponse que le renvoi du ruban qui entoure cette lettre. »

« Quel ruban ? demandai-je à Henri.

— Tu m’as parlé, reprit-il d’un bouquet de lis dans une grotte et d’un ruban aux emblèmes d’un cœur sanglant… L’as-tu toujours ?

— Oui.

— Ne l’as-tu jamais montré à personne ?

— Jamais.

— À qui en as-tu parlé ?

— À toi seul.

— Pas même à Lucie ?

— Pas même à Lucie.

— Ce ruban n’a rien de particulier à l’adresse de Lucie ?

— Rien.

— Eh bien, va le chercher ; c’est un passe-port excellent. Il vient de la fabrique des symboles à l’usage des dévots, et c’est entre eux comme un mot de passe ou un signe de reconnaissance. »

Je livrai le ruban à Henri. Il ne s’agissait plus que de trouver un commissionnaire discret ou naïf.

« Le naïf sera le meilleur, dit Henri, je m’en charge. Il