Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/303

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mot par lequel il pût être compromis plus qu’il ne l’était. Un frisson nerveux le faisait sursauter de temps en temps, mais il se dominait avec une étonnante force de volonté. M. Lemontier dut prendre toute l’initiative de l’explication.

« Avez-vous quelque raison de croire, dit-il, que cet objet vous ait été destiné ?

— Sans doute la destination était indiquée sur l’objet même ?

— Non, monsieur, l’objet ne porte aucune espèce de suscription.

— Alors je le réclame, il m’appartient.

— C’est tout ce que je voulais savoir, monsieur. Vous avez cherché à vous emparer d’une chose que vous supposiez devoir vous appartenir ; mais n’eût-il pas été plus simple de vous en ouvrir à M. de Turdy, au général, ou à mademoiselle Lucie elle-même, et de leur réclamer cette chose, vous fiant à leur honneur, s’il est vrai que cela contienne le dernier vœu d’une mourante ? Votre excessive méfiance des autres a porté ses fruits. À son tour, la famille doit se méfier et s’assurer que le sachet trouvé par moi couvre un envoi à votre nom. Un des membres de la famille, à votre choix, découdra l’enveloppe et verra la suscription, s’il y en a une. »

L’abbé, se dominant toujours, répondit :

« Des trois personnes de cette famille, l’une est absente, et n’est pour rien dans la proposition que vous me faites. Envoyez-lui l’objet. Je m’en rapporterai à sa prudence et à sa loyauté.

— C’est-à-dire que vous lui écrirez télégraphiquement que c’est quelque secret de confession, et qu’il faut vous le restituer sans l’ouvrir ? Mais il n’en peut être ainsi que quand nous aurons acquis la certitude du fait en voyant votre nom sur l’adresse.