Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/110

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et on est aussi à l’aise pour causer avec elle que si on était ses parents et ses amis.

— Mais vous êtes ses amis, j’en suis bien sûr. Pourquoi ne le seriez-vous pas ?

— Nous sommes plus que ses amis, répliqua Célio d’un air grave.

— Expliquez vous.

— Nous sommes ses défenseurs. Les amis qu’elle a dans le monde riche savent mieux causer que nous et lui dire de plus jolies choses ; mais il y en a plus d’un qui dit du mal d’elle en dessous, et, quand ils viennent chez nous pour se moquer de ce qu’elle fait ou ne fait pas, il faut voir comme ils sont reçus ! Quant à ceux qui l’aiment bien parce qu’elle est aimable, il n’y en a peut-être pas trois qui la suivraient où nous la suivons.

— Il y a M. de Montroger, qui est un ami sans reproches ?

— M. de Montroger est un très-brave homme, bien aimable, et qui sait causer aussi ; mais il en cherche un peu trop long, et il aime bien qu’on sache le mal qu’il se donne pour plaire à la demoiselle et à tout le monde. Il aime les honneurs et il nous trouve un peu froids. Nous autres, nous ne crions pas sur les toits les choses que nous pensons, et nous savons que, hors du village, la demoiselle n’aime pas qu’on parle d’elle et qu’on raconte le bien qu’elle fait ; elle dit que, quand on vante trop une personne, ça lui fait des jaloux et des ennemis. On a eu, il n’y a pas longtemps, une grande batterie à Mauconduit à cause d’elle. Il y avait par là des canailles qui s’étaient inventé de dire quelque chose de travers. On n’a rien répondu, nous autres ; mais on a été les attendre à la sortie du bourg,