Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/172

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le gardien. Je m’appelais Célio, et, dans les formules officielles, Célie me tutoyait ! Je croyais rêver.

— À présent, me dit-elle quand j’eus signé, souvenez-vous d’une chose importante que nos amis ici présents jugent comme moi nécessaire : vous êtes reçu, comme on dit, sous le manteau de la cheminée, en vertu des pouvoirs particuliers que nous avons, Bellac, Guillaume et moi. Vous vous ferez connaître à vos autres frères en cas de besoin, service à leur rendre ou secours à leur demander ; mais vous ne leur direz pas inutilement et personne ne saura hors d’ici que vous êtes de la confrérie. Il a fallu des circonstances tout à fait exceptionnelles pour que cette admission eût lieu, et, si elle était connue, nous recevrions plus d’une demande que nous ne pourrions enregistrer sans détruire le caractère et le but de notre petite association. Elle est ce qu’elle est. Elle a porté de bons fruits. Elle est appropriée à nos idées et à nos besoins ; nous ne voulons y rien changer.

Je jurai le secret. C’était un charme de plus dans l’affaire.

— Est-ce que M. de Montroger n’en est pas ? demandai-je tout bas à Célie.

— Non, répondit-elle, il ignore même que cela existe. Vous voyez que les gens d’ici sont discrets. Elle mettait son manteau pour rentrer chez elle. J’obtins de faire partie de son escorte, qui était composée de Guillaume et de ses fils. Stéphen, qui venait de rentrer sans se douter qu’un baptême avait eu lieu en son absence, s’enhardit jusqu’à demander de nous suivre, et la chose fut admise. La nuit était venue, et très-sombre ; on alluma des torches de goudron, et on se mit à gravir le sentier du donjon.