Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/30

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touffue et sur sa robe de soie d’un beau rouge, presque noir. Elle me parut bien mise et bien coiffée, sans aucune excentricité ; ses magnifiques cheveux étaient à elle, et, quand elle fat assise et éclairée, je la trouvai parfaitement jolie et toute jeune. Il est vrai que le jour baissait dans les conditions d’un reflet très-favorable. Tout était rose, et les figures n’avaient plus d’âge. Chaque instant écoulé ajoutait à l’illusion, et, quand tout s’éteignit, je conservai l’impression d’une figure délicieuse. Le son de la voix était si frais et si pur, la prononciation si fine et si délicatement nette, que je fus tout de suite sous le charme, et que, pendant un quart d’heure, je ne vis que cette figure et n’entendis que cette voix. Le premier accueil m’avait peut-être conquis sans retour. Lorsque ma tante m’avait présenté comme le neveu déjà annoncé et décrit, mademoiselle Merquem m’avait tendu la main avec spontanéité, et elle avait serré la mienne avec franchise. Cette main n’était ni potelée ni voluptueuse ; elle était mince, souple et fraîche. Aucune parole banale n’avait accompagné ce fraternel accueil ; mais, quand cette grande fille confiante et douce eût dit quatre mots à ma tante et à Erneste, je sentis comme un esprit de loyauté et de bienveillance émaner d’elle et faire tomber en moi toutes les malveillances du doute. La nuit ne vint pas complète, car c’était jour de pleine lune, et le ciel était d’une limpidité rare dans cette région. Il avait fait très-chaud dans la journée. Personne ne désira rentrer dans le salon, qui était éclairé. On resta sous le berceau qui couvrait une longue terrasse, et d’où un large escalier descendait à une autre terrasse arrangée en jardin. Les demoiselles — il y en avait six en comptant Erneste — allèrent