Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/305

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jours que vous avez agi en égoïste, en jaloux et en despote, tandis que je n’ai songé qu’à faire le bien et à rétablir la paix. J’aime mieux mon rôle que le vôtre.

Ma tante était fort ébranlée et près de lui jurer qu’elle ne la trouvait qu’imprudente ; mais je voyais plus avant qu’elle dans les projets d’Erneste, et je demandai à celle-ci si elle avait à nous montrer des lettres de Montroger, à l’appui de cette grande douleur qu’elle lui attribuait peut-être gratuitement.

— Vous supposez donc, reprit-elle, que l’inquiétude inspirée par Célie est le prétexte dont il s’est servi pour me faire la cour ?

— Oui, je me permettrai de supposer cela jusqu’à preuve contraire.

— Eh bien, ceci est mon secret, et vous ne le saurez pas.

— Je le saurai dès aujourd’hui, car j’irai réclamer toutes vos lettres à M. de Montroger, et il faudra bien qu’il les restitue à votre mère.

— Épargnez-vous cette peine, il me les rendait à mesure, et je les ai toutes, je peux vous les montrer.

— Et les siennes ?

— Vous ne les verrez pas.

— Ce refus est un aveu. Il est donc certain pour votre mère et pour moi que ce lâche cherche à vous compromettre.

— C’eût été un bon tour à vous jouer, mon cousin, pour vous punir de lui avoir enlevé celle qu’il aimait. Oh ! ne niez pas ! Je sais tout, vous épousez Célie, et maman bénit vos amours. Moi, je suis ici parce que l’on ne sait que faire de la pauvre Erneste dans cette situation délicate,… convenable pour moi, si l’on veut ! Il faut que je m’y comporte en petite fille de cinq ans