Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/306

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bien sage et ne comprenant rien ; mais c’est trop compter sur ma sottise. Je vois clair depuis longtemps, et vous savez bien que, dès le premier jour, je vous avais averti des projets de ma mère. Depuis une quinzaine, je suis encore mieux renseignée, car j’ai confessé M. de Montroger sur tous les points. Ce n’était pas difficile, il est si simple ! À présent, faites un scandale, si cela vous plaît. Perdez-moi, vous serez forcé de me marier plus vite avec celui que j’ai choisi.

— Tu ne seras pas compromise et tu ne l’épouseras pas, répondit madame du Blossay. S’il parle, il faudra bien que ton cousin le réduise au silence ; mais, qu’il se conduise bien ou mal, je ne te donnerai pas à un homme sans caractère, sans dignité, et qui a en outre la plus funeste habitude…

— Il boit trop de vin ? reprit Erneste en riant. Je sais cela aussi. On croit toujours que les petites filles sont sourdes ou stupides ! Eh bien, ce grand vice ne m’inquiète pas du tout. Je mettrai de l’eau dans le tokai de M. le comte et dans son bordeaux, s’il le faut. Vous dites qu’il est sans caractère ? C’est la première qualité que j’exige d’un mari. Le petit la Thoronais me fait peur, il est têtu, et je le crois économe, enfin il me déplaît. J’ai fait semblant de me réconcilier avec lui pour punir Emma ; mais Emma s’est retournée vers Montroger, et je n’entends pas cela. Elle échouera auprès de l’un et de l’autre, et, moi qui suis en passe à présent de choisir l’un ou l’autre, je choisis celui qui me convient. Ne me dites pas non, maman, vous y consentirez, et avec satisfaction, vous verrez ça I Je sais que le moment n’est pas favorable. Vous êtes indignée du peu d’empressement qu’il a mis à céder la place à votre cher neveu. Il a été faible,