Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/32

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intérêt, mademoiselle Merquem vint s’asseoir en face de moi sur une chaise que le hasard laissait vacante. Un guéridon où l’on avait commencé à servir le thé nous séparait.

— Je ne vous demande pas si vous aimez la campagne, me dit-elle ; madame du Blossay m’a dit que vous l’adoriez ; mais vous ne devez pas aimer la province, et nous sommes ici très-provinciaux, en ce sens que nos petits intérêts de clocher nous préoccupent plus que les questions générales. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, car tout le monde a envie de bien faire ; mais cela nous rend trop positifs, ennuyeux par conséquent.

— Si ces choses vous intéressent, elles doivent être intéressantes.

— Ce ne serait pas une raison.

— Pardonnez-moi, vous faites le bien…

— Oh ! j’essaye, mais dans un milieu très-restreint. Ce que l’on doit faire dans l’intérêt commun pour une province entière est si variable et si relatif, qu’il est difficile de se prononcer sans connaître une multitude de faits qui m’échappent.

— Ne vous semble-t-il pas que, dans ce cas-là, il faut s’en remettre aux personnes qui font de ces faits une étude spéciale, à M. de Montroger, par exemple ?

— C’est ce que nous faisons tous ici, chacun le consulte. Il décide, et il nous impose selon nos moyens ; nous contribuons de confiance.

— M. de Montroger est très-aimé dans le pays.

— Il le mérite.

— On s’étonne qu’il ne soit pas marié. Il aurait plus d’influence.

— Il est certain qu’il ferait bien de se marier.