Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/43

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— Décidément, disait-elle, j’ai été injuste et sotte : cette Célie Merquem est un ange. Elle est fine, tendre, douce et maternelle. Je veux réparer mes torts et faire comme tout le monde, l’adorer.

— Tout cela, lui dis-je, parce qu’elle t’a trouvé un mari, et qu’elle lui a dit de loi plus de bien que tu ne mérites ?

— Elle ne m’a pas trouvé de mari ; je me charge de trouver cela toute seule quand bon me semblera ; mais elle m’a trouvé un amoureux, et elle lui a monté la tête pour moi. Elle a pris là une peine que je ne me serais pas donnée moi-même. Je croyais que c’était très-ennuyeux d’avoir un amoureux ; à présent, je vois que c’est très-amusant. Ça distrait de soi, ça occupe, on le fait enrager ; enfin je ne m’ennuie plus, et tu dois remarquer que je suis redevenue la plus aimable fille du monde. Aussi je me suis rappelé que j’avais en toi un bon ami, et je voudrais te faire quelque bien, te consoler de tes peines ou servir tes amours.

— En voici bien d’une autre ! Où diable prends-tu tout ce que tu dis là ?

— Je vois clair, mon beau cousin ! Tu es amoureux de mademoiselle Merquem, ou je ne m’y connais pas.

— J’aime à croire que tu ne t’y connais pas du tout, et je le vois de reste.

— Alors, c’est de moi que tu es épris ?

— Dieu m’en garde !

— Dieu m’en garde aussi, car tu serais un galant bien triste. J’aime mieux ce petit diseur de riens que l’on me destine…

— Et à qui tu te destines aussi très-joyeusement, ne t’en cache pas !

— Je te dirai cela plus tard. Je ne suis pas du tout