Page:Sand - Malgretout.djvu/104

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espéré ce que je désirais, je l’ai toujours cru possible ; j’y ai toujours marché sans impatience extrême et sans trop de déception. Je ne désirais, il est vrai, que ce que je pouvais conquérir moi-même, et ici ce n’est plus cela. Il faut que je vous plaise et que je vous paraisse ce que je ne suis pas, un parfait idéal. Comment donc faire ? Je ne saurais pas vous tromper, quand même je le voudrais. Ma vie est trop à jour et trop en vue, ma planète est pleine d’ombres et de taches. Vous ne comprendrez peut-être pas que ces taches peuvent disparaître, ces ombres se dissiper. Ce que je vous promettrai, vous ne serez pas en moi pour savoir que je peux le tenir. Vous aurez des doutes, des craintes, vous en avez déjà ! Vous vous dites que ce qui éclate et aveugle n’est pas ce qui chauffe et éclaire. Vous m’avez fait entendre que le jeu pur était plus persuasif que l’exécution fougueuse. Enfin vous ne paraissez pas disposée à m’aimer, je le vois bien. Alors, dites-le tout de suite, j’aime mieux cela ; mais dites pourquoi, si vous voulez que je me résigne. Avez-vous un autre amour ?

— Non, répondis-je avec assurance, mais…

— Pas de mais ! répondez-moi : ma figure vous déplaît-elle ?

— Non, depuis que je sais que votre sourire n’est pas une aimable banalité.

— Ah ! bien, c’est une vérité, alors ? Laquelle ?