Page:Sand - Malgretout.djvu/200

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— Mon Dieu, que me dites-vous ! Vous les constatez, vous me les faites supposer innombrables, et vous voulez que je vous réponde à l’instant même ?

— Mon Dieu, oui, miss Owen, c’est ainsi ! Je veux le sauver, voilà pourquoi je vous dis : Acceptez tout ; mais je ne veux pas vous sacrifier, c’est pourquoi je vous dis tout. Ce terrible passé, si vous le connaissiez trop tard, empoisonnerait votre avenir. Je suis l’ami passionné d’Abel ; mais je vous respecte, je vous aime aussi, et je ne veux pas le sauver aux dépens de votre bonheur et de votre dignité. Reprenez le gage que vous m’avez confié, vous réfléchirez et vous l’enverrez vous-même, si vous sentez que l’amour est mort ; mais, comme je veux la vérité, je vais écrire séance tenante à Abel ; vous verrez la lettre. Laissez-moi faire.

— Je vous le défends ! m’écriai-je. Si vous le faites, j’envoie le brin d’herbe à l’instant même ! Sinon, je vous promets de le garder et de réfléchir.

— Mais quelle est donc cette horreur d’une explication où la bonne vérité peut triompher ?

— Et si elle ne triomphe pas, répondis-je en pleurant, vous voulez donc que tout soit fini ? Vous m’avez fait accepter un doute sur ce que j’ai cru voir ; laissez-le-moi, je pourrai peut-être chasser ce souvenir atroce, je le tenterai du moins, je le jure !