Page:Sand - Malgretout.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que je suis encore aussi pure que le jour où je vous ai dit que j’étais pure comme vous !

— Non, mademoiselle d’Ortosa, lui répondis-je avec une sévérité que je la voyais en état de supporter, vous vous trompez. Je suis pure de haine, de jalousie dévorante et de cruauté, et vous avouez que vous ne l’êtes pas. Il faut que vous acceptiez mon pardon. Montrez-moi qu’il vous reste quelque chose de grand dans le caractère et de vrai dans l’esprit en l’acceptant sans en être humiliée. Vous êtes meilleure que vous ne voulez consentir à l’être, car votre premier mouvement avec moi a été l’attendrissement et la reconnaissance. Quant au passé, voici mon jugement : vous avez voulu jouer un rôle au-dessus des forces humaines ; il vous a brisée, ne le jouez plus. Guérissez votre santé en guérissant votre âme. Je sais, car j’ai étudié toutes les maladies que je pouvais secourir, que, même dans le délire, la raison agit encore et cherche à se délivrer de la vision qui l’opprime. Dans les intervalles de leurs accès, les personnes douées comme vous d’une véritable intelligence peuvent faire de plus grands efforts que les autres pour empêcher le retour de l’exaltation. On dit que vous avez été folle ; moi, je ne le crois pas. Les déceptions que vous vous étiez volontairement préparées par une poursuite trop ardente vous ont conduite à des paroxysmes de désespoir violent, voilà tout, et vous êtes guérie, si