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Page:Sand - Mauprat.djvu/100

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sentant sa gourde, et voici d’abord de quoi vous réconforter ; je vais à l’écurie préparer le cheval.

— Non, j’y vais moi-même, dit Patience ; ayez soin de ce jeune homme.

Et il passa dans une autre salle basse qui servait d’écurie au cheval du curé, durant les visites que celui-ci lui rendait. On fit passer l’animal par la chambre où nous étions, et Patience, arrangeant le manteau du curé sur la selle, y déposa Edmée avec un soin paternel.

— Un instant, dit-elle avant de se laisser emmener ; monsieur le curé, vous me promettez sur le salut de votre âme de ne pas abandonner mon cousin avant que je sois revenu avec mon père pour le chercher ?

— Je le jure, répondit le curé.

— Et vous, Bernard, dit Edmée, vous jurez sur l’honneur que vous m’attendrez ici ?

— Je n’en sais rien du tout, répondis-je ; cela dépendra du temps et de ma patience ; mais, vous savez bien, cousine, que nous nous reverrons, fût-ce au diable, et, quant à moi, le plus tôt possible.

À la clarté du tison que Patience agitait autour d’elle pour examiner le harnais du cheval, je vis son beau visage rougir et pâlir ; puis elle releva sa tête penchée tristement et me regarda fixement d’un air étrange.

— Partons-nous ? dit Marcasse en ouvrant la porte.

— Marchons, dit Patience en prenant la bride. Ma fille Edmée, baissez-vous bien en passant sous la porte.

— Qu’est-ce qu’il y a, Blaireau ? dit Marcasse en s’arrêtant sur le seuil et en mettant en avant la pointe de son épée glorieusement rouillée dans le sang des animaux rongeurs.

Blaireau resta immobile, et, s’il n’eût été muet de naissance, comme le disait son maître, il eût aboyé ; mais il