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Page:Sand - Mauprat.djvu/399

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« — Il faudra pourtant bien que vous me voyiez, mon doux frère, quand j’irai sonner et faire carillon à la porte des Carmes.

« — Vous n’y viendrez pas, ou je vous dénonce.

« — Vous ne me dénoncerez pas, car j’en sais trop long sur votre compte.

« — Je ne vous crains pas, j’ai fait mes preuves ; j’ai expié mes péchés.

« — Hypocrite !

« — Allons, taisez-vous, insensé, dit l’autre ; il faut que je vous quitte. Voilà de l’argent.

« — Tout cela !

« — Que voulez-vous que vous donne un religieux ? Croyez-vous que je sois riche ?

« — Vos Carmes le sont, et vous en faites ce que vous voulez.

« — Je pourrais vous donner davantage que je ne le ferais pas. Vous n’auriez pas plus tôt deux louis que vous feriez des débauches et un bruit qui vous trahiraient.

« — Et, si vous voulez que je quitte le pays pour quelque temps, avec quoi voulez-vous que je voyage ?

« — Ne vous ai-je pas déjà donné trois fois de quoi partir, et n’êtes-vous pas revenu après avoir bu tout ce que vous aviez dans le premier mauvais lieu à la frontière de la province ? Votre impudence me révolte, après les dépositions qu’on a faites contre vous, quand la maréchaussée a l’éveil, quand Bernard fait réviser son jugement, et que vous allez être découvert !

« — Mon frère, c’est à vous d’y veiller ; vous menez les Carmes, les Carmes mènent l’évêque, Dieu sait pour quelle petite folie qui a été faite de compagnie, en grand secret, après souper, dans leur couvent…»

Ici, le président interrompit le récit de Patience.