Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/129

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sur la troisième, cause encore brûlante de notre rupture, il dit vivement :

— Où était la honte de ce mariage ? Quelle était cette mère infâme dont la fille innocente n’a pu trouver grâce devant vous ?

— Me trouvez-vous trop rigide ? C’était une ancienne courtisane.

— Comment la nommait-on ? Mademoiselle Irène, peut-être ?

— L’avez-vous connue ? — J’ai ouï parler d’elle autrefois. C’était elle, n’est-ce pas ?

— C’était elle. Me blâmez-vous ?…

— Non, certes ! À présent, ne me parlez plus, j’ai besoin de réfléchir.

Il appuya sa tête dans ses mains, parut rêver et finit par s’endormir ; mais sa nuit n’a pas été bonne, son sommeil était entrecoupé de sanglots étouffés et de soupirs déchirants. Heureusement, mademoiselle Vallier est arrivée de bonne heure, et sa présence a paru le calmer comme par enchantement.

— Celle-ci est un ange ! a-t-il dit à plusieurs reprises.

Et il portait à son cœur les mains de la jeune fille comme si elles eussent fermé ses blessures.

Il a raison, mademoiselle Aldine est un ange. Depuis la maladie de notre ami, je me suis sérieusement lié avec elle, et j’espère qu’elle a de l’estime pour moi. Je ne t’ai pas parlé de nos entretiens à voix basse au chevet du malade. Il n’eût pas été bien d’en vouloir trop savourer la douceur, tant que j’ai été sous le poids de l’inquiétude. Si la crise de cette nuit n’a pas de suites, je t’en parlerai demain ; car, à travers