Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/145

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Tu manques d’argent, je parie. Je t’en envoie un peu, ce sont mes économies. Si tu n’en as pas besoin, emploies-en adroitement une partie à soutenir M. Sylvestre, et, si c’est impossible, garde-le-moi. Je n’en ai que faire maintenant, je te le jure. Ma mère ne manque de rien, nous sommes riches.




XXII

DE PIERRE À PHILIPPE


Vaubuisson, 25 mai.

Mon ami Philippe, tu es un singulier mentor ! Tu me prêches l’effort héroïque qui doit me soustraire au dénûment, et tu m’envoies de l’argent, le dissolvant par excellence, l’hôte perfide qui dit à la paresse : « Dors encore un peu, je suis là ! » Et en même temps tu me fais un sermon sur l’étroite prévoyance des riches. Tu me foudroies et tu me gâtes. Et puis tu me menaces d’enlever Aldine, si je ne me dépêche de mettre à ses pieds mon présent et mon avenir, sans te souvenir qu’à l’heure qu’il est, elle est douze cents fois plus riche que moi, ayant un revenu de douze cents francs, tandis que je n’ai pas encore un franc de rente ! Tu bats la campagne ; mais que c’est beau et bon d’être fou comme toi !

N’importe, je me défends. Je ne toucherai pas à tes cent écus, car M. Sylvestre est redevenu trop lucide