Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/155

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n’attire personne, et on y peut errer des journées entières sans y rencontrer une figure humaine. Il n’y a aucune clôture, et un petit chemin de piétons conduit du hameau des Grez au sommet de la colline ; mais c’est une communication indécise et peu fréquentée. L’ermitage en est assez loin pour qu’aucun regard curieux ne l’atteigne. D’ailleurs, qui porterait ce regard indiscret sur un débris si misérable et si insignifiant par lui-même ? Le hameau des Grez n’a pas deux cents habitants, et tous sont occupés à leurs travaux. Le dimanche, on va pêcher ou se baigner à la rivière, ou on fait de la politique chez madame Laroze. Et puis, tout le monde connaît l’ermite, il ne se cache pas de ses voisins ; il n’y a rien à piller autour de lui ; les gamins eux-mêmes respectent sa tranquillité.

Quant aux habitants des villas plus ou moins voisines, aucun que je sache ne s’est épris de botanique, ou bien ils ont trouvé ailleurs une flore plus intéressante. Je n’en ai pas aperçu un seul jusqu’à présent, et, sans les femmes mystérieuses qui sont venues un certain soir, je pourrais dire que, depuis trois mois. Gédéon est le seul échantillon du monde civilisé qui ait violé le sanctuaire de M. Sylvestre. Il est vrai qu’à lui seul, Gédéon nous causera peut-être plus de souci qu’une armée de flâneurs parisiens, et mes anciennes inquiétudes reviennent. Déjà ceux qui me connaissent savent où je suis, et ceux qui ne me connaissent pas vont savoir qui je suis. Ils n’en seront guère plus avancés ; je ne suis pas quelqu’un, mais je serai peut-être quelqu’un de trop pour mademoiselle Vallier, quand elle apprendra qu’elle a confié certain petit rêve d’enfance à celui-là même qui en a été l’objet. J’aurais