Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/189

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croire que vous devez vous assurer encore mieux de l’acquiescement de mademoiselle Jeanne, sur lequel mademoiselle Vallier se fait peut-être illusion. Il faudrait revoir mademoiselle Jeanne et lui en parler ouvertement.

— Non, je suis à bout de mes réticences sur ce sujet délicat ! Et puis elle se méfie nécessairement de ce qu’elle prend pour des théories de sectaire contre la richesse. Il faudrait qu’une personne de bon sens lui ôtât l’idée que je suis fou.

— Est-ce que mademoiselle Vallier ne serait pas naturellement cette personne-là ?

— Sans doute, et elle s’y emploie de toute son âme ; mais je crains un peu ici le zèle généreux de mademoiselle Vallier. Mademoiselle Vallier a une arrière-pensée, qui est de m’arracher à tout prix de mon ermitage. L’excellente fille croit que je suis trop vieux, que j’y suis trop mal, que quelque jour on m’y trouvera mort de faim ou de froid. Enfin, depuis qu’elle n’est plus ma plus proche voisine, elle se tourmente pour son ermite. J’ai donc peur quelle ne décide Jeanne par une considération qui n’est pas celle dont je veux me servir et qui me blesserait, je l’avoue.

Je me permis de blâmer mon fils et de lui dire qu’il n’était pas digne de lui de faire de sa vie d’anachorète une question d’amour-propre, que je trouverais cela puéril en face d’un devoir de conscience, et que, si le désir de l’arracher à cette solitude était le principal mobile de Jeanne, il ne fallait pas ôter à cette jeune fille le mérite de lui sacrifier une vie brillante pour partager avec lui une vie médiocre.

Il avoua que j’avais raison, et je le vis tout à coup