Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/191

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bonheur aux âges primitifs de l’humanité. Si cette première étude réussit, j’en ferai plusieurs autres appropriées aux phases successives de l’histoire, et ces travaux réunis pourront devenir les prolégomènes de mon traité. Donc, à tout hasard, j’ai porté mon ébauche à d’Harmeville pour avoir son avis. Il m’a encouragé au delà de mes espérances, et ce premier spécimen lui a paru, tel qu’il est, mériter les honneurs de la publicité dans sa revue. Aujourd’hui, je l’ai rencontré à la Tilleraie, où je crois bien que Gédéon l’avait invité à cause de moi. Nous avons causé ensemble une partie de la journée, et il m’a témoigné de la suite de mon essai et de mes idées sur l’ensemble, une si grande satisfaction, que j’en suis tout content moi-même et tout surpris. Il prend tout ce que j’ai en manuscrit et en projet, et me verse d’avance une très-jolie somme que je ne lui aurais certes pas demandée. Ainsi, mon ami, me voilà riche depuis ce matin. J’ai cinq cents francs dans ma poche, et le mois prochain j’en aurai autant, si je travaille. Je peux donc sans te fâcher, j’espère, te renvoyer ce que tu m’as prêté et n’en pas priver plus longtemps tes pauvres. Mes trois chapitres, car il y en a trois sur les temps primitifs de l’humanité, vont paraître dans un seul numéro de la Revue cosmogonique, la semaine prochaine, et je me hâterai de t’envoyer mon exemplaire. J’ai besoin que tu m’encourages et que tu m’approuves, car ici je reçois tant de compliments, que j’ai peur d’être ridicule de les accepter. Mon succès auprès de d’Harmeville a été la nouvelle du jour à la villa Gédéon ; tout le monde m’a félicité, et les vieilles sœurs de l’amphitryon ont presque pleuré de joie en me parlant de mon avenir.