Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/206

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supplanté, et que, par calcul ou par connaissance, je me laisse supplanter de bonne grâce… Tout cela m’ennuie, et j’aimerais autant n’avoir jamais rencontré mademoiselle Vallier.

J’ai donc résolu, pour me remettre l’esprit en paix, de savoir à quoi m’en tenir, et, puisqu’on me garde gracieusement ici, d’y rester jusqu’à ce que j’aie une notion certaine de la vérité. Je veux bien m’intéresser à la situation romanesque de mademoiselle Jeanne ; mais ma situation à moi est peut-être équivoque aussi, comme dit cette petite fille, et un pauvre diable qui débute dans une carrière délicate doit faire grande attention à entrer dans la vie par la bonne porte.




XXVIII

DE PIERRE À PHILIPPE


La Tilleraie, 22 juin.

Ce que j’ai entrepris m’est fort pénible. C’est un métier d’espion ou d’inquisiteur ; mais comment faire autrement ?

Ce matin, j’ai erré dans le parc en véritable mouchard. J’ai vu mademoiselle Vallier sortir du pavillon qu’elle habite et se rendre au manoir pour donner ses leçons aux enfants. Pourquoi ne les donne-t-elle pas chez elle, puisqu’elle a un piano qui lui appartient ?

J’ai aperçu la négresse qui émondait un rosier à trois pas du pavillon. Je suis arrivé comme par hasard