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XXXIII

JEANNE DE MAGNEVAL À SON GRAND’PÈRE


Paris, 27 juin.

Grand-père chéri, suspendez vos préparatifs de voyage. Il est inutile de vous condamner à cette fatigue. Je fais ce que vous voulez, je quitte maman et je m’installe à la Tilleraie, où les excellentes demoiselles Nuñez se chargent de moi et de mon mariage, si mariage il y a. La grande question, n’est-ce pas, c’était de devenir pauvre pour rassurer certaines consciences farouches ? Eh bien, c’est fait. J’ai dit à maman : « Garde ta fortune, je ne veux pas de dot. Tu es jeune encore, Dieu merci ; le mari qui me voudra n’aura pendant bien longtemps rien à voir dans tes affaires, et, quand viendra cette horrible question de l’héritage, je ne m’opposerai pas à ce qu’il y renonce, puisque c’est un héritage maudit ! »

Vous voyez, cher père, que je sais tout ! Je voulais tout savoir : me voilà satisfaite, c’est-à-dire désolée ; mais vous devez être content de moi, vous, et cela me console un peu. Permettez-moi d’aller vous voir demain, je vous expliquerai ce qui s’est passé. À présent, vous me permettrez de vous tenir souvent compagnie, n’est-ce pas ? J’ai du chagrin, vous me donnerez du courage.

Votre Jeanne qui vous aime.