— J’ai à présent la même excuse.
— Que voulez-vous dire ? Votre mère est ruinée ?
— Oui, c’est cela. Son banquier a fait faillite, elle n’a plus rien.
J’ai été sur le point d’en faire compliment à mademoiselle Jeanne, mais je m’en suis abstenu.
— Vous pensez bien, a-t-elle repris, que ce n’est pas le moment de voyager ; je dois songer à économiser, peut-être à travailler. Je viens de voir mon grand-père pour lui expliquer cela ; il m’approuve et il est content de moi. À présent, voulez-vous me donner le bras pour retourner à la Tilleraie ? On vous y attend, je le sais.
— Je n’y vais pas encore, mademoiselle. Il est trop tôt.
— C’est-à-dire que vous ne voulez pas m’accompagner.
— Je ne veux pas vous compromettre, et je ne comprends pas que vous me le fassiez dire.
— Pardon ! je ne me croyais pas si facile à compromettre. N’avez-vous jamais escorté mademoiselle Vallier dans ses visites à l’ermitage ?
— Jamais, mademoiselle. Je ne le lui aurais pas offert, et elle ne me l’eût pas permis.
— Alors… je vous remercie de votre refus. Au revoir, monsieur Pierre !
Je suis arrivé une heure après elle à la Tilleraie. Dans la soirée, Gédéon m’a pris à part.
— Vous savez, m’a-t-il dit, que mademoiselle Irène est ruinée ?
— Est-ce vrai ?
— Vous en doutez ? Eh bien, vous avez raison, je ne veux pas vous tromper ; il n’y a pas un mot de