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XLIII

DE PHILIPPE À PIERRE


Volvic, 3 août.

Mon cher enfant, ta lettre m’inquiète. Il y a une rupture violente, un duel peut-être, au bout de l’explication que tu veux avoir avec M. Nuñez. Pourquoi brusquer ainsi une situation délicate ? Éloigne-toi, et contente-toi de lui écrire. Oui, tu es dans ton droit, puisqu’il t’a un peu joué ; mais il l’a fait très-naïvement, je le parierais, et il serait déplorable de se couper la gorge avec un ami pour une sorte de malentendu. Et puis le scandale, les propos sur le compte de mademoiselle Vallier ! — Prends ton temps, il n’y a pas péril en la demeure ; elle ne l’aimera pas ! Confie ta cause à l’ermite, c’est à lui de savoir si tu as de meilleures chances. Qu’en savons-nous ? Qu’en sais-tu ? Si tu n’en as pas, pourquoi se presser de rompre avec Gédéon ? De toute manière, l’absence est un régime indiqué, et je te le prescris en attendant que nous sachions ce qui menace. Veux-tu que j’aille lui parler, moi, à ce Gédéon ? Je l’apaiserai, je le convaincrai, j’en suis sûr ; mais, auparavant, je parlerai à mademoiselle Vallier, je saurai ce qu’elle pense de toi. Si elle t’agrée, je lui dirai de quitter la maison de M. Nuñez, où elle peut subir quelque affront si tu manques de prudence. J’espère que l’ermite s’avisera