Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/299

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mier, sans détour, sans hésitation et sans ménagement, vous devez comprendre que je vous ai gardé fidèlement ma parole jusqu’à ce jour. En douter serait me faire injure, et j’espère que vous n’en doutez pas.

— C’est juste. Je n’ai rien à vous reprocher quant au passé ; mais, quant au présent, vous pensez bien que je ne vais pas vous autoriser…

— Permettez ! Je ne vous demande aucune espèce d’autorisation.

— Vous comptez venir me couper l’herbe sous le pied ? Voilà qui est fort !

— Si vous êtes un homme sage et solide, vous direz vous-même mes intentions à mademoiselle Vallier.

— Par exemple ! moi, je ferais la cour pour vous ?

— Vous ne feriez que me rendre la pareille.

— Mais vous renonciez, et je ne renonce pas !

— Raison de plus. Priez-la de décider entre nous deux. Si elle ne veut, comme je le crains, ni de vous ni de moi, restons ses amis et ne montrons aucun dépit ridicule. Si elle vous choisit, je me retirerai sans murmurer, et je ne vous en aimerai pas moins. Si c’est moi qu’elle accepte, trouvez son choix légitime, et ne me prenez pas en haine. Tout ce que nous ferons, vous et moi, en dehors de ce programme sera misérable et absurde.

— C’est très-bien raisonné ; mais je ne suis pas si fort que cela. Mademoiselle Vallier est engagée envers moi ; elle m’a promis d’attendre trois mois avant de se prononcer : jusque-là, personne n’a le droit de l’influencer en sens contraire, et je vous interdis ce droit-là.

— Je n’accepte pas l’interdiction. Mademoiselle Val-