Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/303

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— Mon cher Nuñez, vous exagérez les liens de notre amitié. Elle n’était pas intime avant notre rencontre dans ce pays-ci, et cela date de quelques semaines. Vous m’avez fait toutes les avances, c’est fort aimable ; mais j’y ai très-discrètement répondu. Vous m’avez confié votre amour le plus tard possible, et quand vous ne le cachiez plus à personne, quand je savais vos intentions formelles par M. Sylvestre, à qui vous n’aviez pas recommandé le secret, et tout cela après m’avoir trompé, je le répète, car, en voulant m’employer pour décider mademoiselle Vallier à se charger de l’éducation de vos enfants, vous m’avez presque juré que vous n’aviez jamais vu sa figure. Ceci n’est pas d’une franchise chevaleresque, et, si je pardonne à votre amour des contradictions et des dissimulations qui ne sont pas de grands crimes, vous pouvez bien pardonner au mien une résolution et une sincérité qui ne sont pas des actes de vertu farouche et insupportable.

— Vous avez plus d’arguments que moi, mon cher ; vous en avez fait provision d’avance, et vous me battrez aisément en paroles. Reste à savoir si vous serez aussi éloquent par correspondance avec mademoiselle Vallier, car j’imagine que vous ne viendrez pas dans ma maison faire la guerre contre moi.

— Je vous ai dit, dès que vous êtes entré ici, que je ne pouvais pas retourner chez vous. Inutile de me le défendre.

— Ainsi nous n’avons plus rien à nous dire ? Vous ne voulez pas renoncer ?…

— Non.

— Et vous avez de l’espérance ?

— Non.