Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/304

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— Mais vous agirez comme si vous en aviez ?

— Oui. Et vous, vous ne voulez pas admettre que j’en aie le droit ?

— Non, certes.

— Et vous allez me haïr ?

— Je vous en réponds.

— Comment comptez-vous manifester votre haine ?

— Vous le verrez quand elle se manifestera. Adieu ! Et, jetant les portes avec violence, il est remonté dans sa voiture, a fouetté son cheval avec fureur, prenant à travers bois par un chemin impossible qui mène à l’Ermitage.

J’ai laissé passer deux heures et j’ai été trouver M. Sylvestre. Je l’ai rencontré en chemin.

— J’allais chez vous, me dit-il. Je viens d’avoir une vive discussion avec M. Nuñez. Il a cassé sa voiture et abîmé son cheval pour venir chez moi, et il s’en retourne à pied par le haut. Redescendons pour ne pas le rencontrer. Il n’a pas sa tête ; s’il doit vous chercher querelle, que ce soit du moins de parti pris et après avoir dormi sur sa colère.

— Vous n’avez pas réussi à le calmer ?

— Comment pouvez-vous croire que cela eût été possible ?

— Blâmez-vous la manière dont j’ai agi ?

— J’aurais agi comme vous. Il m’eût été insupportable de dissimuler seulement une heure ; mais je suis une mauvaise tête, moi, et je regrette que mon cher papa ne soit pas plus sage que moi.

— Qu’eût-il donc fallu faire pour être sage ?

— Ce que vous conseillait votre ami Philippe : faire une absence, écrire de loin, et me charger de vos intérêts.