Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/308

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

un homme de volonté, et je suis là pour vous seconder.

Mon oncle a promis, et Gédéon est sorti plein d’espoir et d’activité après lui avoir remis des notes au moyen desquelles mon pauvre oncle devait me mystifier ; mais je l’ai affranchi de ce triste soin en me montrant, en lui disant que j’avais tout entendu, et en lui faisant avouer que Gédéon lui faisait jouer un vilain jeu. Il s’est fâché d’abord ; j’ai réussi à le calmer en le prenant par l’amour-propre ; j’ai été plus adroit, plus patient, plus gentil, comme il dit, que je n’ai encore su l’être avec lui. L’amour assouplit le cœur et l’esprit apparemment, car j’ai trouvé des paroles persuasives. Mon oncle s’est laissé gagner. Il n’aime pas les gens plus riches que lui, et il ne m’a pas été difficile de le dégoûter de son alliance improvisée avec Gédéon. Enfin, s’il ne consent pas encore à m’approuver, il est résolu du moins à ne pas seconder mon adversaire.

Ah ! mon ami, depuis cette lettre de mademoiselle Vallier que l’ermite m’a fait lire, je suis rempli du feu sacré de l’espérance. Elle a une répugnance invincible pour la position que Gédéon lui offre, et elle n’éprouve aucun attrait pour sa personne. Et pourtant elle aime ! elle aime sans objet, elle rêve l’inconnu, elle aspire aux joies de la famille. On sent que son cœur parle et déborde, et ce qu’elle dit là-dessus est si beau, si bon, si chaste et si vrai ! Je l’adore, je veux qu’elle le sache. Je persuaderai bien à M. Sylvestre de l’attirer chez lui pour que je lui parle ; après quoi, si elle veut que, pour lui donner le temps de se dégager et de quitter tranquillement la Tilleraie, je m’éloigne pendant trois mois, j’obéirai. Si elle dit