Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/309

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seulement peut-être ! je partirai heureux, confiant, plein d’énergie et de soumission. M. Sylvestre m’approuve, tout en me grondant de ma précipitation. Ah ! l’excellent homme ! on voit bien qu’il a aimé, lui ! Il comprend si bien la douce fièvre qui m’agite ! Il semble heureux de me voir revenir à ce qu’il appelle l’état normal de la jeunesse : il dit que, dès le premier jour de ma rencontre avec mademoiselle Vallier chez lui, il a pressenti que, malgré tous les obstacles, nous nous aimerions, car il croit qu’elle m’aimera, il le désire, il y travaillera de toute son âme. Il dit tout cela pour me calmer, pour me faire prendre patience, il croit que c’est le moyen.


Trois heures du matin.

C’est la journée et la nuit aux aventures. Pendant que je t’écrivais, avec la fenêtre ouverte, un cheval est passé au galop sur l’étroit chemin qui rase ma pauvre maison. À son allure déréglée, j’ai senti le cheval sans cavalier, et, devinant un accident, j’ai descendu l’escalier extérieur. J’ai regardé, j’ai écouté ; il m’avait semblé entendre un faible cri, la voix d’une femme. J’ai cru distinguer un corps étendu en travers du chemin à quelque distance. J’y ai couru. Ce n’était qu’un manteau dont le cheval échappé s’était débarrassé. J’ai continué à marcher. J’ai vu bientôt une personne assise sur un gros arbre équarri au bord de la route. Il faisait sombre, et l’endroit est fort ombragé ; je ne distinguais pas si c’était un homme ou une femme. J’ai demandé qui était là, et si l’on avait été démonté.