Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/321

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l’injurier ni le frapper, je l’ai laissé presque évanoui de stupeur et de rage dans les bras de Duport et de M. Sylvestre.

Je suis revenu chez moi attendre le résultat de cette scène de violence, ne sachant vraiment pas lequel de nous devrait réparation à l’autre ; car, s’il avait eu l’intention d’une agression brutale, il en avait subi les humiliantes conséquences, et nous étions quittes.

J’ai vu bientôt arriver Louis Duport avec M. Sylvestre. Gédéon voulait un duel : il se disait l’offensé. Quelle qu’eût été son intention en s’élançant sur moi, je ne m’étais pas contenté de parer ses atteintes, je l’avais renversé, tenu à terre, j’avais déchiré ses habits ; c’est ce qui l’offensait le plus, et M. Sylvestre dut rappeler que ce n’était pas moi, que c’était son chien qui en me voyant menacé, s’était jeté sur Gédéon et l’eût mordu si je ne l’eusse préservé. N’importe, Louis Duport m’accusait de brutalité et me demandait réparation de la part de son ami. M. Sylvestre jurait que la chose ainsi présentée était inique et absurde, que Gédéon était l’agresseur, et que, s’il y avait rencontre, j’avais le choix des armes.

— Ne discutons pas là-dessus, lui dis-je ; la rencontre est inévitable. Je ferais en vain grâce à l’emportement de M. Nuñez, il est décidé à me pousser à bout. Je n’attendrai pas de nouvelles insultes, et, bien que j’aie été parfaitement maître de moi et que je ne l’aie provoqué en aucune façon en me préservant de sa furie, j’accepte toutes les conditions qu’il lui plaira de demander. Veuillez être mon témoin. Je présume que M. Duport sera celui de M. Nuñez, et je souscris à tout ce qui sera décidé entre vous.

Duport m’a dit que Gédéon réclamait en effet son