Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/324

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Notre ami le médecin-chirurgien sera pris au saut du lit par Gédéon, qui le conduira dans sa voiture. Tout est prévu et fixé. Je me sens très-calme. Certes je serais désolé de tuer Gédéon, je comprends si bien sa colère ! Aussi je suis enchanté de pouvoir lui offrir ma vie en échange du sacrifice qu’il voulait m’imposer. Je ne puis mieux faire, et, si mon cœur est affligé, du moins ma conscience est satisfaite.


Onze heures du soir.

Je viens de finir mon article, j’en suis très-content. Je vais dormir. Je me sens fatigué, et j’ai à me lever de bonne heure. Si j’étais blessé… Viendrait-elle me voir ? Non ! je ne suis pas son frère ; ah ! que ne suis-je son fiancé !


Le 7, à quatre heures du matin.

J’ai bien dormi. J’ai cacheté mon manuscrit. J’emporte cette lettre, qui ne partira qu’après le duel. J’ai mis mes papiers en ordre. J’ai fait mon testament ; je partage entre mademoiselle Vallier et toi la petite fortune confiée pour moi à mon oncle. Vous aurez soin de l’ermite. Je me fie à vous. — Je regretterais la vie, elle ne faisait que de commencer pour moi ; mais l’amour m’a initié au mystérieux sentiment de l’espérance. Si je meurs, j’aurai la mort douce. Il y a peut-être quelque chose après, qui sait ? Oui, l’amour porte avec lui la notion de l’infini ! Adieu, ami de mon cœur. Les oiseaux s’éveillent et l’horizon blan-