Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/333

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plus à qui se donner. Il est très-malheureux, et, comme son repentir est très-vrai, son châtiment très-sérieux, je ne peux m’empêcher de le plaindre. Il m’a parlé avec beaucoup d’effusion dans les premiers jours ; puis, à mesure que nous avons été rassurés sur le compte du malade, il s’est montré plus retenu et plus sombre. Hier matin, il m’a dit qu’il comptait vendre la Tilleraie ; j’ai cru devoir lui répondre avec franchise :

— C’est ce que vous pouvez faire de mieux. Ce pays vous rappellera toujours de tristes souvenirs.

— Oui, a-t-il répliqué, et mon intention est d’aller faire un tour en Allemagne avec M. et madame Duport aussitôt que Pierre ne vous donnera plus la moindre inquiétude.

Je l’ai autorisé à partir sans crainte. Je prévois que mademoiselle Jeanne sera du voyage, et alors elle aura bien des chances, ne fût-ce, de la part de Gédéon, que le besoin de montrer au monde une très-belle femme, brillante et recherchée, et de ne pas se laisser plaindre d’avoir échoué auprès d’une humble et modeste créature ce ; qui, pour un homme dans sa position, est probablement fort désagréable.


Dix heures du soir.

Ayant de me coucher dans le lit qu’on m’a dressé auprès de mon malade, — tu vois que je ne me fatigue pas, — je veux te dire que la journée a été bonne et la soirée excellente. Comme le pauvre Gédéon ne se couche pas sans revenir savoir de ses nouvelles. Pierre a demandé à le voir. Ils ne s’étaient encore rien