Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/335

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voyage, que tu redoutais, n’a mis dans ma vie que des émotions douces, et que je te reviendrai optimiste comme auparavant.



LIII

DE GÉDÉON NUÑEZ À MADEMOISELLE VALLIER


La Tilleraie, 15 août, quatre heures du matin.

Je pars dans deux heures. Vous ne me reverrez jamais. Soyez donc miséricordieuse et tâchez de me pardonner. Je vous ai accusée dans mon cœur, mais Jeanne m’a prouvé que vous ne me trompiez pas, puisque vous ignoriez l’amour de celui que vous aimez. Et, d’ailleurs, vous ne m’avez jamais encouragé ; c’est moi qui me suis fait des illusions déplorables. Je les ai bien expiées ! Ne me maudissez donc pas. Pierre vous donnera l’exemple de la générosité.

Je laisse mes enfants sous la garde de mes sœurs. Je leur ai trouvé une gouvernante qui viendra à la Tilleraie dans huit jours. Ne jetterez-vous pas jusque-là un coup d’œil sur mes pauvres orphelins ? Ils sont innocents de mon crime, et vous les aimiez. Ils vous demandent tous les jours, et Sam a pleuré en apprenant que vous ne vouliez pas revenir. Soyez grande. Adieu !