Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/89

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général, un ancien préfet. Ah ! vous dire tout ce qu’on dit, ça n’est pas possible ; mais M. le maire de Vaubuisson le connaît bien, et il a commandé aux gendarmes de ne pas le tracasser. Il a répondu de lui comme de son père. Seulement, il dit bien qu’il pourrait vivre autrement, qu’il a des parents riches et que c’est un maniaque de fierté. Qu’est-ce que ça fait, s’il ne fait tort à personne ? Moi, d’abord, je me ferais hacher pour lui, et je ne suis pas la seule ; pas vrai, les autres ?

Il veut un assentiment général, et j’en fus heureux, car, moi aussi, je me ferais bien hacher un peu pour cet homme sympathique qui croit au bonheur, et qui, sans se vanter immodestement de le posséder, trouve toujours moyen de remercier de toutes choses le hasard ou la Providence.




XV

DE PIERRE À PHILIPPE


Vaubuisson, 5 avril 1864.

La vie est décidément, sinon une chose gaie, comme le prétend mon optimiste, du moins une chose romanesque : me voilà épris de ma voisine. Je l’appelle ainsi, bien que tout un vallon nous sépare ; mais, comme je n’y connais que deux personnes, elle et M. Sylvestre, et qu’elle est plus près que lui à la portée de ma vue, elle sera ma voisine, à moins que tu n’aimes