Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/202

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» — Votre ami ? lui dis-je. C’est fait ! Je serais bien heureux de l’être assez pour vous inspirer quelque confiance. Ne pouvez-vous me dire, au moins, pourquoi l’on m’aurait choisi, moi, un étranger, un nouveau venu, pour avaler le poison de cette fleur, et pour m’enivrer jusqu’à oser vous en parler ?

» — Cela, dit-elle, je le cherche avec vous, et vous jure que je n’en sais rien. Mais ne cherchons par davantage, je vous en supplie.

» — Mais me défendez-vous de le chercher tout seul ? M’est-il possible d’être l’objet d’une coquetterie ou d’une mystification, sans désirer d’en connaître l’auteur, quand l’auteur est une femme, et qu’après vous toutes celles que je vois ici sont encore très-belles ou très-jolies ?

» — Ah ! monsieur ! ne croyez jamais qu’aucune de mes filles puisse être assez légère, assez dépourvue de fierté pour faire de telles avances, même à l’homme le plus généreux et le plus sûr.

» — Selon vous, ce serait donc une avance bien compromettante ? Prenez garde, si nous venions à découvrir la coupable !

» — Eh bien, eh bien, reprit-elle avec angoisse, il faudrait plutôt croire que c’est moi.

» — Vous ? Hélas ! non. Je vois au blâme que vous exprimez que ce n’est pas vous.

» — Qui sait ? un accès de folie ! Vous ne me connaissez pas !…

» En disant cela d’un air qui voulait être gai, elle eut un sourire si triste, que je me sentis remué une seconde fois jusqu’au fond de l’âme. Je ne sais pas si j’aime les femmes autant que tu me fais l’honneur de le croire ; mais j’aime les enfants avec passion quand ils sont doux, beaux et un peu frêles. Eh bien, il y a de l’enfant chez