Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/232

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de Flavien, mais de celui de Crésus qu’il voulait parler.

— Le bouquet d’azalée apporté ici par votre page était, dit-il, remis par vous à l’adresse de Flavien. Voulez-vous le nier ? et la devise qui portait probablement votre signature ?

— À présent, j’y suis, dit avec candeur Éveline, qui ne connaissait que ce dernier détail des petites ruses de Nathalie. Eh bien, savez-vous ce qu’il y avait sur l’étiquette ? Mais vraiment, s’écria-t-elle en riant, il est impossible que ce soit là la cause du départ de M. de Saulges. Eh bien, il y avait sur ce parchemin, en caractères imités du gothique : Hélyette.

— Et que signifie cette plaisanterie ?

— Elle n’est pas de moi, elle est de ma sœur Nathalie, qui, je le crois, aime votre ami autant que sa gravité le lui permet. Puisque vous êtes jaloux et que vous me forcez à dire le secret des autres, gardez-le en homme d’honneur. Nathalie voudrait être devinée ; elle mourrait d’un orgueil rentré, si elle était nettement comprise. Elle voulait intriguer M. Flavien pour savoir, je crois, s’il avait le cœur libre, voilà tout ; et c’est l’idée qu’elle a eue de se cacher sous le pseudonyme de madame Hélyette qui m’a un peu donné celle de me cacher sous son masque. Me voilà forcée de vous avouer mon peu d’imagination : je ne suis qu’une plagiaire.

— Et dois-je croire, dit Thierray de plus en plus indulgent, que vous avez pour moi les mêmes sentiments que votre sœur a pour mon ami ?

— Thierray, dit Éveline avec une familiarité et une chasteté charmantes, vous êtes trop délicat, vous avez, je crois, quelque chose de trop exquis dans le cœur et dans l’esprit pour vouloir que je réponde à cette question dans la situation bizarre où je suis venue me jeter vis-à-vis de vous. C’est alors que je mériterais vos réprimandes, et,