Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/264

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complète et revenir ici avant la nuit. Mais, si vous voulez, ma tante, je vais monter en tilbury et je vous l’amène dans deux heures.

— Non, mon enfant, merci ! reprit Olympe. Ces courses-là lui font du bien. Elles sont nécessaires à son activité. Il faut bien aussi qu’il surveille ses travaux. Il y prend tant d’intérêt et il a si peu de temps à y consacrer ! Et toi-même, tu as besoin de repos après une nuit passée en voiture sans dormir ; car ton office de surveillant t’en empêchait.

— Et vous, ma tante, est-ce que vous avez dormi ? dit Amédée avec l’accent d’une tendre sollicitude que Dutertre s’imagina être à même de remarquer pour la première fois.

— Moi ? Très-bien, je t’assure, répondit Olympe, dont le tutoiement envers Amédée parut aussi une chose nouvelle au malheureux époux, quoiqu’il l’eût exigé lui-même à l’époque où Amédée, âgé de vingt ans, était venu habiter Puy-Verdon définitivement.

— Oui, reprit Amédée, vous avez dormi aussi bien qu’on peut dormir avec la tête d’une marmotte comme celle-ci sur l’épaule !

Il s’adressait à Benjamine, qui entrait en cet instant par le perron.

— Papa n’est pas dans le jardin, dit-elle ; j’en ai fait le tour. Il n’y a encore personne de levé, et je n’ai pu savoir où il est.

— Il doit être à la grande ferme, répondit Olympe. Nous ne le verrons sans doute qu’à dîner. Allons, patience, ma chérie. Il faut t’aller coucher.

— Oh ! mère, j’en ai si peu envie, et c’est si beau de voir lever le soleil !

— Je t’en prie, ma fille, va dormir un peu. Qu’est-ce