Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/265

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que dirait papa, si je lui ramenais sa chérie avec la migraine ou la fièvre ?

— Tu le veux, bonne mère ? J’y vas. Mais, toi, tu vas te coucher aussi ?

— Certainement, répondit Olympe.

— Mère, reprit l’enfant, voilà tes fleurs que je confie à ce garçon-là pour qu’il les fasse revenir dans l’eau.

Et elle remettait à son cousin une gerbe d’asphodèles.

La jeune femme embrassa la fille de son choix. Dutertre leur entendit échanger de gros baisers.

— Ah ! pensa Dutertre, cela sonne pourtant l’innocence et la vertu, ces baisers-là !

Néanmoins, il resta immobile. Caroline s’en allait. Olympe et Amédée restaient ensemble.

Tout aussitôt Olympe, qui était toujours debout près de la porte entr’ouverte donnant sur le perron, dit à son neveu :

— Et toi aussi, Amédée, va te reposer.

— Oui, ma tante, répondit-il d’une voix qui tremblait aux oreilles de Dutertre. Vous ne voulez pas que j’appelle votre femme de chambre ?

— Non, vraiment, laisse dormir cette pauvre fille, qui ne me sait pas revenue. Je n’ai besoin de personne.

— Bien sûr ? vous ne souffrez pas ?

— Pas du tout.

— Vous ne prendrez pas d’opium ?

— Je n’en prends plus, dit Olympe avec enjouement. Est-ce que j’en ai jamais pris ?

— C’est vrai qu’elle est guérie, pensa Dutertre ; est-ce l’amour de Flavien ou le mien qui a fait cette cure miraculeuse ?

— Vous n’êtes pas inquiète de mon oncle, au moins ? reprit Amédée, qui semblait trouver mille prétextes pour ne pas sortir. Si vous l’étiez, je courrais…