Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/361

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Quant à mon inclination, elle a été spontanée, car, dès le premier jour où j’ai vu Éveline, je n’ai vu qu’elle, et me suis senti absorbé, agité, heureux et malheureux en même temps. Et quant aux séductions que j’aurais pu exercer sur son imagination, certes, j’ai fait mon possible pour lui plaire, sans espérer, sans songer à obtenir d’elle des preuves si marquées de mon bonheur. Mais, si je suis innocent de ses résolutions (et, dans le cas contraire, ce serait à moi, bien plus qu’à Flavien, de vous offrir ma vie), je ne le suis pas de la direction que ses sentiments ont prise, car je les ai provoqués, malgré moi-même, autant que possible.

— Merci, Thierray, merci ! Tout ce que vous me dites là part d’un noble cœur et d’une bonne conscience. Soyez tranquille. J’ignorerai toujours cette aventure ; mais croyez-vous qu’il soit possible qu’on l’ignore dans le public ?

— C’est tellement possible, que cela est, dit Thierray, qui raconta la première visite d’Éveline sous les traits de madame Hélyette. Convenez, ajouta-t-il en finissant, que l’invraisemblance d’une pareille histoire est une garantie pour qu’on la repousse comme une fable, si quelqu’un s’avisait de la publier. Il expliqua ensuite le motif du retour de Flavien en Nivernais, l’empressement qu’il avait mis à courir chercher Dutertre pour lui déclarer la situation d’Éveline à Mont-Revêche, la rencontre toute fortuite qu’il avait faite d’Olympe, et l’initiative que celle-ci avait prise dans la suite de l’événement. Il entra enfin dans tous les détails qui complétaient la vérité du fait.