reux ni poëte, j’ai enfin la clef du mystère : tu vas voir si je me suis trompé.
Alors, élevant la voix :
— Gervais, dit-il au vieux serviteur qui dirigeait César d’une main encore ferme à travers les ornières sablonneuses, M. Dutertre a donc eu une première femme ?
— Mais oui, monsieur le comte, répondit sans hésiter Gervais ; c’était la mère des enfants qu’il a.
— Et sa seconde femme, quel âge a-t-elle ?
— Oh ! je peux bien vous le dire, car je me suis trouvé à la messe comme on publiait ses bans au prône. Madame Olympe doit avoir aujourd’hui… attendez donc !… pas tout à fait vingt-quatre ans, monsieur le comte ; car elle en avait vingt quand M. Dutertre l’a épousée en Italie.
— Vingt-quatre ans ! s’écria Thierray ; madame Dutertre a vingt-quatre ans, et ce vieux fou ne le disait pas !
— Ma foi ! monsieur, répondit Gervais, qui entendit l’apostrophe un peu trop retentissante de Thierray, si vous aviez pensé à me le demander, j’aurais pensé à vous le dire.
— Voilà ta condamnation ! dit Flavien à son ami, c’est de n’avoir pas songé à t’en convaincre, c’est de n’avoir eu dans la mémoire de ton amour aucune défense contre une pauvre méprise de comédie. Permets-moi de te dire, mon cher ami, que tu vois les femmes avec des yeux de séminariste, c’est-à-dire à travers des hallucinations maladives. Allons, tu es plus jeune que tu n’en as l’air, et moins roué que tu n’en as la prétention.
— Flavien, dit Thierray, si tu me parles encore d’Olympe, je vais te parler de Léonice !
— Oh ! comme tu voudras, répondit Flavien. Cela ne me touche plus, car j’ai envie de devenir amoureux d’Olympe, du moment que tu ne l’es pas.