XXIII
— Ce n’est pas vous que je voudrais tuer, lui dis-je. Je vous aime et vous estime trop pour ça ; mais je voudrais tuer le mensonge auquel vous vous êtes laissé prendre.
— Et ce mensonge, c’est la patrie, la liberté, la justice ?
— Non ! c’est votre fameuse idée que la fin justifie le moyen !
Il alla se rasseoir au bout de la salle et ne s’avoua point vaincu. Il resta pensif ; puis revenant à moi :
— Est-ce que tu aimes passionnément Franqueville ?
— Je ne sais pas bien ce que veut dire le mot passionnément. Je l’aime plus que moi-même, voilà tout ce que je sais.
— Et tu ne pourrais pas en aimer un autre, moi, par exemple ?
Je fus si étonnée, que je ne répondis point.
— Ne sois pas surprise, reprit-il ; je veux me marier, quitter la France, abandonner la politique. Je ne dois rien à Louise que l’aumône du château de ses pères. Elle partagera ce débris de fortune avec Émilien.