faisait trahit sa volonté : il devint très pâle et des larmes parurent briller dans ses yeux.
— Mon ami, mon cher ami, lui dit Émilien, qui attribuait, ainsi que moi, l’émotion de notre hôte à la vue de son pauvre corps mutilé : ne me plaignez pas : elle m’aime, elle m’accepte et nous venons vous demander la bénédiction fraternelle.
Costejoux pâlit encore plus.
— Oui, oui, répondit-il, c’est cela ! C’est la vue de cette épouvantable conséquence de la guerre ! Je savais le fait, Dumont me l’avait confié, et pourtant, en vous voyant revenir ainsi… Mais ne parlons que de votre prochain bonheur : à quand le mariage ?
— C’est vous qui déciderez, lui dis-je. S’il nous fallait attendre encore pour célébrer ce bonheur en même temps que le vôtre…
Il secoua la tête et m’interrompant :
— J’avais formé certains projets… auxquels il me faut renoncer et auxquels je renonce sans dépit. Arrêtons-nous sur ce banc. Je me sens très fatigué, j’ai travaillé beaucoup cette nuit, j’ai beaucoup marché dans la matinée…
— Vous êtes souffrant ou vous avez un grand chagrin, lui dit Émilien en lui saisissant les deux mains ! votre mère…
— Bien, très bien, ma bonne mère ! vous allez la voir.
— Et Louise ?…
— Votre sœur… très bien aussi ; mais vous ne la verrez pas ici. Elle est… partie.
— Partie !… où ? comment ?
— Avec sa vieille parente, madame de Montifault, la