Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/180

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lure dorée. Cette tête bouclée lui donnait toujours l’air d’un enfant. Pourtant, comme je l’examinais avec attention, les idées de mort prématurée qui avaient paru la préoccuper toujours, et particulièrement dans ses confidences à Narcisse, à propos de Sylvie, me revinrent à l’esprit.

Dans un moment où la petite réunion se forma par hasard en deux groupes séparés, et où j’avais renouvelé connaissance avec le docteur Fourchois, je mis la conversation sur le compte de sa cliente et l’amenai à me répondre sur un point essentiel : à savoir si, dans le parti que Juliette semblait avoir pris de renoncer au mariage, il y avait quelque raison pathologique.

— Aucune que je sache, me répondit-il ; et même avec cette forme exiguë et ce teint délicat, elle est plus forte que vous et moi pour marcher, veiller et supporter toutes les peines de la vie qu’elle mène. Elle a traversé toutes les épidémies, allant chez les malades et ne prenant aucune précaution, sans être jamais atteinte. Pourtant, si elle me demandait conseil à l’endroit du mariage, j’hésiterais beaucoup. Il faudrait que je fusse bien sûr qu’elle doit être parfaitement heureuse en ménage : car, si elle est très-capable, selon moi, de résister aux crises de la maternité, elle ne l’est nullement de surmonter le chagrin. Je l’ai vue, après la mort de sa mère, dépérir de manière à m’inquiéter, et, quand elle est revenue au pays,