Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/44

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— Elle en a vingt-huit, me dit Narcisse lorsqu’elle eut disparu, et que, interrogé par lui, je lui rendis compte de mon impression. Elle a été très-bien, malgré sa taille, qui n’était pas belle et qui, à présent, est toute tournée… à ce que l’on dit, car elle est si mal fagotée ! Allons, c’est tant pis pour elle, ce qui lui arrive. Il ne fallait pas être si farouche et viser si haut dans la sainteté. N’est pas sainte qui veut, voyez-vous ! On en veut trop prouver à Dieu, et Dieu vous punit en vous laissant retomber plus bas qu’une autre. N’eût-il pas mieux valu être une bonne mère de famille qu’une espèce de religieuse avec un cabotin débauché pour amant ? Mais ce ne sont pas nos affaires ; je vais aux miennes. Sortez-vous, ce matin ?

— Oui, mais après déjeuner.

— Alors, je vous attends à neuf heures comme à l’ordinaire. Au revoir !

Il descendit le tertre et le remonta.

— Dites donc, reprit-il, ce que nous avons surpris là doit rester entre nous, n’est-ce pas ?

— Ne vous l’ai-je pas promis ? Qu’il s’agisse de mademoiselle d’Estorade ou de toute autre, il n’est pas dans mes goûts de perdre une femme qui jouit d’une considération plus ou moins méritée.

— Elle la mérite ! s’écria Narcisse ému.

Et il ajouta tristement :