Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/287

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belle chose que de s’abuser aussi longtemps sur les attraits de sa maîtresse.

La douleur de Metella, en se voyant négligée de celui qu’elle aimait exclusivement, fut si grande, que sa santé s’altéra, et que les ravages du temps firent d’effrayants progrès. Le refroidissement de Buondel monte en fit à proportions égales, et, lorsque le jeune Olivier les vit ensemble, lady Mowbray n’en était plus à compter son bonheur par années, mais par heures.

— Savez-vous, ma chère Metella, lui dit le comte le lendemain du jour où elle avait rencontré Olivier au spectacle, que ce jeune Suisse est éperdument amoureux de vous ?

— Est-ce que vous auriez envie de me le faire croire ? dit lady Mowbray en s’efforçant de prendre un ton enjoué : voilà au moins la dixième fois depuis quinze jours que vous me le répétez !

— Et quand vous le croiriez, dit assez sèchement le comte, qu’est-ce que cela me ferait ?

Metella eut envie de lui dire qu’il n’avait pas toujours été aussi insouciant ; mais elle craignit de tomber dans les phrases du vocabulaire des femmes abandonnées, elle garda le silence.

Le comte se promena quelque temps dans l’appartement d’un air sombre.

— Vous vous ennuyez, mon ami, lui dit-elle avec douceur.

— Moi ? Pas du tout ! Je suis un peu souffrant.

Lady Mowbray se tut de nouveau, et le comte continua à se promener en long et en large. Quand il la regarda, il s’aperçut qu’elle pleurait.

— Eh bien, qu’est-ce que vous avez ? lui dit-il en feignant la plus grande surprise. Vous pleurez parce que j’ai un peu mal à la gorge ?