Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/288

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— Si j’étais sûre que vous souffrez, je ne pleurerais pas.

— Grand merci, milady !

— J’essayerais de vous soulager ; mais je crois que votre mal est sans remède.

— Quel est donc mon mal, s’il vous plaît ?

— Regardez-moi, monsieur, répondit-elle en se levant et en lui montrant son visage flétri ; votre mal est écrit sur mon front…

— Vous êtes folle, répondit-il en levant les épaules, ou plutôt vous êtes furieuse de vieillir ! Est-ce ma faute, à moi ? puis-je l’empêcher ?

— Oh ! certainement, Luigi, répondit Metella, vous auriez pu l’empêcher encore !

Elle retomba sur son fauteuil, pâle, tremblante, et fondit en larmes.

Le comte fut attendri, puis contrarié ; et, cédant au dernier mouvement, il lui dit brutalement :

— Parbleu ! madame, vous ne devriez pas pleurer ; cela ne vous embellira pas.

Et il sortit avec colère.

— Il faut absolument que cela finisse, pensa-t-il quand il fut dans la rue. Il n’est pas en mon pouvoir de feindre plus longtemps un amour que je ne ressens plus. Tous ces ménagements ressemblent à l’hypocrisie. Ma faiblesse, d’ailleurs, prolonge l’incertitude et les souffrances de cette malheureuse femme. C’est une sorte d’agonie que nous endurons tous deux. Il faut couper ce lien, puisqu’elle ne veut pas le dénouer.

Il retourna sur ses pas et la trouva évanouie dans les bras de ses femmes : il en fut touché et lui demanda pardon. Quand il la vit plus calme, il se retira plus mécontent de lui-même que s’il l’eût laissée furieuse.

— Il est donc décidé, se dit-il en serrant les poings