les avaries du bâtiment pour s’apercevoir de la préoccupation de Melchior ; mais, le soir, à souper, on remarqua qu’il cherchait à s’enivrer sans y parvenir, et qu’après avoir bu beaucoup de rhum, il était plus triste qu’auparavant ; le capitaine, qui l’aimait, remit au lendemain à le réprimander de son absence à la manœuvre la nuit précédente.
La lune n’était pas encore levée lorsque Melchior descendit dans le porte-haubans.
Un instant après, Jenny fut à ses côtés ; Il lui avait fait un signe en quittant le réfectoire.
— Jenny, lui dit-il en la forçant de s’asseoir sur ses genoux, regrettes-tu de m’avoir rendu heureux ? Rougis-tu d’être ma femme ?
Jenny ne répondit que par des larmes et des caresses.
Melchior lui dit encore :
— Tu crois à une autre vie, n’est-ce pas, ma bien-aimée ?
— J’y crois, surtout depuis que je t’aime, lui répondit-elle.
— L’autre nuit, pendant la tourmente, répondit Melchior, j’ai vu deux flammes s’agiter à la cime des mâts : elles semblaient se chercher, se fuir, s’appeler tour à tour, puis elles se joignirent et disparurent. Penses-tu, Jenny, que ce fussent deux âmes ?
En parlant ainsi, Melchior se dressa sur la banquette en tenant toujours Jenny dans ses bras. Ce mouvement lui fit peur ; elle se cramponna à son vêtement.
— Sois tranquille, lui dit-il, rien ne nous séparera ; tu ne seras jamais à un autre que moi, et je ne perdrai jamais ton amour.
En disant ces mots, il s’élança avec elle dans la mer.
Le cri que poussa Jenny fut entendu du timonier : l’alarme fut donnée. On vit Melchior lutter contre la