Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/60

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être reconnaissant sans doute de voir que vous n’avez pas douté qu’il ne fût entre mes mains au jour et au lieu où il vous plaira de le réclamer.

» Mais il faut donc, madame, que j’aille moi-même à Saint-Sauveur le porter, pour le confier ensuite aux mains d’une tierce personne qui vous le remettrait ? Puisque vous ne jugez point à propos de m’accorder le bonheur de vous voir, n’est-il pas plus simple que je n’aille pas au lieu que vous habitez m’exposer à l’émotion d’être si près de vous ? Ne vaut-il pas mieux que je confie le paquet à un messager dont je suis sûr, pour qu’il le porte de Bagnères à Saint-Sauveur ? J’attends vos ordres à cet égard : quels qu’ils soient, madame, je m’y soumettrai aveuglément. »


BILLET.

« Je savais, Lionel, que mes lettres étaient par hasard entre vos mains dans ce moment, parce que Henry, mon cousin, m’a dit vous avoir vu à Bagnères et tenir de vous cette circonstance. Je suis bien aise que Henry, qui est un peu menteur, comme tous les bavards, ne m’ait pas trompée. Je vous ai prié d’apporter vous-même le paquet à Saint-Sauveur, parce que de tels messages ne doivent pas être légèrement exposés dans des montagnes infestées de contrebandiers qui pillent tout ce qui leur tombe sous la main. Comme je vous sais homme à défendre vaillamment un dépôt, je ne puis pas être plus tranquille qu’en vous rendant vous-même garant de celui qui m’intéresse. Je ne vous ai point offert d’entrevue, parce que j’ai craint de vous rendre encore plus désagréable la démarche déjà pénible que je vous imposais. Mais, puisque vous semblez attacher