ami. J’avais toujours remis au lendemain l’épelage de cet alphabet nécessaire dont on espère en vain pouvoir se passer pour bien voir et réellement comprendre. Le lendemain, hélas ! m’a trouvé seul, privé de mon précieux guide ; mais les plantes qu’il m’avait données, avec d’excellentes analyses vraiment descriptives, — il y en a si peu de complètes dans les gros livres ! — sont restées dans l’herbier comme types bien définis. Chacune de ces plantes me rappelle nos promenades dans les bois avec mon fils enfant, que nous portions à tour de rôle, et qui aimait à chevaucher la grandelette, la boîte de fer-blanc du Malgache.
D’autres amis, qui, grâce au ciel, vivent encore et me survivront, ont aussi laissé leurs noms et leurs tributs dans mon herbier. Une grande artiste dramatique, qui est rapidement devenue botaniste attentive et passionnée, m’a envoyé des plantes rares et intéressantes des bois de la Côte-d’Or. Célimène a les yeux aussi bons qu’ils sont beaux. La botanique ne leur a rien ôté de leur expression et de leur pureté : c’est que l’exercice complet d’un organe le retrempe. J’ai longtemps partagé cette erreur,