Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Eh quoi ! nous ne sommes point mûrs pour une croyance qui réponde aux besoins de notre libre aspiration sans condamner à mort cet instinct spécifique, qui est le code imprescriptible de la nature animée ? Et même dans le sanctuaire de l’encéphale, dont les opérations sont aussi multiples et aussi mystérieuses que la structure anatomique du cerveau est compliquée et insaisissable, il nous est impossible de marier la lucidité supérieure à la clairvoyance pratique ? Nous sommes donc des infirmes, des êtres épuisés, à moins que nous ne soyons des intelligences qui n’ont encore rien commencé ?

Levez-vous donc, éveillez-vous, nobles esprits qui sentez palpiter en vous la troisième âme, la grande, la vraie, celle qui n’affirme pas timidement l’idéal et qui le prouve par cela même qu’elle le possède, qui ne tressaille pas d’effroi devant l’épreuve scientifique parce qu’elle sait a priori que cette épreuve sera la sanction de sa foi aussitôt qu’elle sera complète et décisive. Cette âme a autre chose à faire que de vaincre les révoltes et les tyrannies de l’instinct. Elle éclora dans des organisations qui les auront vaincues ; mais, sitôt qu’elle parlera, elle ensei-