dont l’absence fait souffrir toutes les organisations choisies, et qu’on appelle goût ; mot vague encore, parce qu’il est jusqu’ici le résultat d’un sens individuel, et souvent très-excentrique, partant très-opposé à la mode, qui est la création vulgaire des masses.
Dans le perfectionnement que doivent subir toutes choses, et les arts particulièrement, il y aura certes un encouragement à donner aux œuvres de pur goût ; elles n’auront pas, si vous voulez, une utilité positive, immédiate ; mais, comme l’avenir nous rendra certainement moins positifs, nous arriverons à comprendre que l’élégance et l’harmonie sont nécessaires aux objets qui nous entourent, et que le sentiment d’harmonie sociale, religieux, politique même, doit entrer en nous par les yeux, comme la bonne musique nous arrive à l’esprit par les oreilles, comme la conviction de la vérité nous est transmise par le charme de l’éloquence, comme la beauté de l’ordre universel nous est révélée à chaque pas par le moindre détail des beautés ou des grâces d’un paysage. Le grand artiste de la création nous a donné un assez vaste atelier pour nous porter à l’étude du beau.